samedi 5 juin 2010

THEME : RAPPORT DES OBLATS AVEC L’EGLISE

INTRODUCTION
Remarquons d’entrer de jeux avec Jean LEFLON que la visée spirituelle de De Mazenod s’inscrit dans l’étroite ligne générale de l’Eglise de France mais marquée par le renouveau qu’il veut y introduire. En effet, pour peu qu’on veuille parcourir l’itinéraire vocationnel et missionnaire de cet homme apostolique et de l’écho que les OMI en font encore aujourd’hui à sa suite, on ne manque pas de se rendre compte du rapport intrinsèque qui existe entre l’Eglise et la congrégation des OMI. Déjà au début, avec la révolution française qui décimait l’Eglise de façon cruelle, la touche d’Eugène s’est vite montrer particulière et remarquable. Il faut entendre ici par « Eglise » non seulement l’ensemble de structures susceptible d’accueillir des personnes mais aussi les personnes elles-mêmes en tant que porteuses de la foi et corps mystique du Christ. Aussi, son seulement toutes les personnes en générale mais surtout les pauvres de diverses conditions dont l’Eglise locale atteint le moins sinon jamais.
Ainsi, au regard d’un contexte sociopolitique français d’antan dont les relations entre l’Etat et l’Eglise laissaient à désirer, quel était l’apport, le mode de relation de l’inconditionnel amoureux de l’Eglise qu’était Eugène de Mazenod ? Dans le cadre de ce travail, où nous voulons établir le rapport entre l’Eglise et la congrégation des OMI, nous nous proposons, sans toutefois avoir la prétention d’être exhaustif, d’évoquer quelques raisons qui sou tendent une telle assertion. Pour ce faire, nous aborderons les points tels que : Eglise bel héritage du Christ, Eglise et la spiritualité oblate et Eglise comme lieu de la mission oblate.
Au fait, Eugène de Mazenod a vite fait de comprendre que pour atteindre l’objectif de la congrégation défini dès la préface : (…) rendre les hommes raisonnables, plus chrétiens enfin les aider à devenir des saints » , il faut un amour de prédilection pour l’Eglise en tant que présence de la foi chrétienne à prêcher et le règne du Christ à propager de part le monde sur les trace des apôtres.
1-EGLISE : BEL HERITAGE DU CHRIST
Dès l’avant-propos de nos CCRR, il est écrit : « (…) Saint Eugène, brûlant d’amour pour le Christ et son Eglise, il fut bouleversé par l’état d’abandon du peuple de Dieu ». Il est plus que jamais clair que l’épine dorsale de la conversion et du choix de projet de vie du jeune abbé Eugène de Mazenod est l’état de défection du clergé local et l’abandon des enfants de Dieu sans soin dont ils méritaient. Ici, l’Eglise est comprise comme une institution voulue par Dieu par le biais de son Fils à qui elle appartient. C’est dans ce sens qu’il l’appelle bel héritage du Sauveur. L’Eglise est n »e non d’une institution humaine seulement, mais aussi elle est patrimoine du Christ. A ce titre, elle est issue du don de sa vie sur la croix pour les hommes. Elle est une réalité humano-divine dans sa constitution.
St. Eugène se voulant coopérateur du Christ pour le rachat du genre humain, il ne saurait être indifférent devant la désuétude de l’Eglise. C’est dans cette optique que son combat dans l’Eglise et pour l’Eglise se montre déterminant. Son option pour les petites gens qui fut la flamme du début et la pierre de lance, sa vie durant, jalonnera toute son action missionnaire ultérieure. C’est cet héritage qu’il va léguer à ses fils. Cette prise de partie pour l’Eglise dans sa défense, de celle-ci contre toutes les positions négationnistes de ses fondements majeurs. C’est dans ce sens que les OMI s’emploieront devant les autorités comme les hérétiques à défendre la doctrine de l’Eglise. Cette défense des intérêts de l’Eglise se poursuit et se manifeste dans les prédications et les instructions des petites gens de la campagne sur les vérités fondamentales de la foi et ses exigences pratiques. C’est cette sollicitude pour les marginaux, par amour pour l’Eglise qui va pousser par exemple le fondateur à parler en provençal pour mieux se faire comprendre dans la chapelle de la Madeleine.
Il nous semble judicieux d’évoquer ici, au rang des raisons qui montrent que la congrégation des OMI a un rapport avec l’Eglise ce qui suit au sujet du recrutement des candidats : c’est à condition que le bien de l’Eglise est visé que des membres, aimant Jésus Christ et son Eglise sont admis. Il en ressort que c’est à la faveur de l’Eglise que le critère de choix est fixé. La volonté de servir Dieu et l’Eglise dans les missions et dans les autres ministères que la société embrasse, résume tout.
2- EGLISE ET LA SPIRITUALITE OBLATE
L’Eglise est au cœur même de la vocation oblate. En effet, la vocation oblate est perçue en Eglise et pour l’Eglise. Fabio GIARDI, dans le D.V.O. n’hésite pas de définir l’oblat comme un homme d’Eglise. Justement cette considération est à la suite logique du rapport établi entre la vocation oblate et l’Eglise. Le désir du fondateur de se faire prêtre puis initiateur d’un institut religieux consacré à l’évangélisation des pauvres comme instrument de l’Eglise plaide pour une telle assertion. En effet la situation fâcheuse de l’Eglise d’antan de la France sera la roue motrice de son entreprise. Dira-t-il « Je voyais l’Eglise menacée de la plus cruelle persécution(…). J’entrai donc au séminaire St. Sulpice avec le désir, mieux avec la volonté bien déterminée de me vouer de la manière la plus absolue au service de l’Eglise(…). C’est avec raison qu’il fera mention de celle-ci, comme premier de nos CCRR. «L’Eglise, ce bel héritage(…) » dans la préface. Cela étant, l’Eglise est au cœur même de la vocation oblate. Les besoins, les problèmes de l’Eglise sont ceux des oblats. Le dévouement des OMI à créer ou à fonder l’église locale, avec un clergé autonome et dynamique au service du genre humain, répondre au besoin de celle-ci sur tous les plans, au clair, étendre le Royaume de Dieu est dans l’étroite visée non seulement de l’Eglise universelle, mais aussi de la congrégation de OMI. C’est ainsi qu’on remarque l’attachement particulier de notre fondateur au Pape, au St. Siège et par extension aux Evêques. Ce qui a valut aux Oblats le titre de « hommes du Papes et des évêques, c’est-à-dire de l’Eglise, les hommes de Dieu ».
Etant donné que la date et le lieu de la naissance de la congrégation furent un contexte de révolution qui a détruit quasi totalement les charmes du Christianisme à ses bases (religiosité, spiritualité, identité, etc.), le fondateur a combattu pour un renforcement de l’identité oblate au sein du trouble. S’identifier à l’Eglise ou se présenter comme autorité ecclésiale dans ce contexte où tout est permis, où il est interdit d’interdire, c’est une preuve d’amour sans pareille pour celle-ci. C’est cette impulsion qui sera à l’origine des fondations des communautés, des diocèses et des paroisses ; d’abord en France puis au dehors.
Si les oblats sont réputés spécialistes des missions difficiles, c’est aussi vrai que la vocation oblate est de construire l’Eglise, d’implanter l’église là où elle n’est pas encore présente. C’est cette tendance qui est perçue dans la politique du fondateur qui, alors que le personnel disponible est numériquement bas et recrudescent, il reste ouvert et favorable aux sollicitations des évêques. Cette générosité à l’égard de l’Eglise va permettre l’arrivée des OMI au Canada en 1841 sous la demande de Mgr Bourget ; chez les Esquimaux en 1860 en la personne du père Grollier ; et plus tard au Cameroun en 1946 et en RDC en 1932.
Au vue de toutes ces considérations, nous sommes en droit d’affirmer que non seulement la spiritualité oblate a un rapport avec l’Eglise mais aussi elles s’imprègnent et s’enrichissent mutuellement. C’est dire que les oblats perçoivent leur vocation en Eglise et pour l’Eglise. Ils servent l’Eglise par leur ministère et en vivent et celle-ci profite du charisme oblat dont elle s’enrichérit. A ce titre, la fondation des églises locales ne constitue-t-elle pas une mission à part entière qui mettrait plus en exergue ce rapport entre les deux ?
3- EGLISE COMME LIEU DE MISSION OBLATE
Dans son testament, pendant que le fondateur préconisait la charité au-dedans, il invitait ses fils au zèle pour le salut des âmes au dehors. Ceci revient à dire que l’Eglise, peuple de Dieu, sera le champ d’apostolat oblat de référence. En effet, comme le dit bien le père Franck SANCTISHI dans le cadre d’une retraite de renouvellement des vœux en Sept. 2008 : « St. Eugène a fait la rencontre d’une mélodie à laquelle il a invité les autre à sa symphonie » . Pour répondre efficacement à ce mot d’ordre du fondateur, les OMI feront de la fondation des églises comprises aussi bien comme structures organisée, que comme le règne du Christ à prêcher à toutes les nations. Ici, il est question de voir les fondations oblates dans le monde en faveur de l’Eglise universelle pour se convaincre de son attachement à celle-ci.
CONCLUSION
Au demeurant, tout au long de cet exposé, nous avons voulu mettre en exergue les raisons qui peuvent nous autoriser à faire l’apologie d’un rapport entre l’Eglise et la congrégation des OMI. Sans toutefois nous éloigner de la définition du CEC qui veut que nous comprenions par « Eglise » la famille de Dieu réunie autour du Christ, nous l’avons considérer dans sa dimension structurelle (autorité) que constitutionnelle (fidèles) ; champs d’apostolat de prédilection de l’homme de grande ambition qu’était Saint Eugène de Mazenod. Aussi bien au niveau de l’analyse d son engagement de son vivant que dans les échos à travers les œuvres oblates de part le monde aujourd’hui, le charisme oblat est perçu et reçu comme une vie donnée dans et pour l’Eglise. C’est à ce titre que GIUPPE Mammana dira que « l’oblat est un homme d’Eglise » Jean XXIII sera plus explicite quand il dit que Eugène de Mazenod est « digne d’être mis au nombre de ceux (…) qui ont senti battre dans leur poitrine le cœur de l’Eglise universelle ». C’est dans le même ordre d’idée que les oblats seront appelés au cour de l’histoire hommes du Pape, les prêtres les plus dévoués aux évêques.
C’est dans cette perspective aussi qu’il nous semble probant, légitime et adéquat dans le cadre de cette investigation de présenter d’abord l’Eglise comme un bel héritage du Christ, ensuite l’Eglise et la spiritualité oblate et enfin l’Eglise comme lieu de la mission oblate. Ce faisant, le rapport entre Eglise et la congrégation des OMI s’est avérer chose non contestée. Partant donc d’un panorama plus ou moins global dans la limite de nos conditionnements, nous avons vu l’Eglise comme la raison d’être même de la vocation oblate. L’Eglise non seulement comme corps mystique du Christ et l’ensemble des structures matérielles à sauvegarder, mais aussi et surtout comme Royaume de Dieu à promouvoir et à étendre, la foi chrétienne à entretenir dans les cœurs surtout de ceux et celle que l’Eglise atteint le moins. C’est là que la Constitution pastorale Gaudium et Spes au n°1 trouve son droit de citer : « les joies er les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, les pauvres surtout et tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ, et il n’est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur cœur » .
Ainsi donc, de l’amour irréprochable d’Eugène de Mazenod pour l’Eglise à l’écho que les OMI en font aujourd’hui, en passant par sa promptitude à répondre aux sollicitations aux besoins de l’Eglise, nous sommes arrivés à reconnaitre sans parti pris l’origine ecclésio-christique de la vocation oblate. Le n°1 de nos CCRR le dit très bien en ces termes : « C’est l’appel de J.C. perçu en Eglise à travers le besoin de salut pour les hommes qui réunit les missionnaires oblats de Marie Immaculée ». Cela étant, celui qui y répond favorablement peut-il voir la misère du monde et s’endormir sur ses lauriers ?
ABRAHAM HAMAN, omi
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dimanche 14 mars 2010

RELATION ENTRE AGLISE UNIVERSLLE ET EGLISES PARTICULIERE

THEME : Quelle relation entre Eglise universelle et Eglise particulière ?
L’Eglise, en tant que réalité humano-divine, est hiérarchique dans son ensemble. Elle est à la fois le signe et le moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain, pour paraphraser Lumen Gentium n°1. Selon le niveau de gouvernement du premier répondant le pape ou l’évêque, on distingue l’Eglise universelle et l’Eglise particulière respectivement. Quelle relation entre les deux ? Pour répondre à cette question, il nous semble judicieux, dans un premier temps de dégager tour à tour les traits de caractère de chacune avant d’établir le rapport entre elles dans un second temps.
L’Eglise particulière ou locale a à sa tête un évêque. C’est généralement un diocèse. Elle est dite particulière non parce qu’elle est un morceau de l’Eglise universelle, mais parce qu’elle « jouit de sa propre discipline, de son propre usage liturgique, de son patrimoine théologique et spirituel »[1]. Elle est la manifestation concrète de l’Eglise universelle dans le cadre spatio-temporaire précis. Ainsi, les conditionnements divers des personnes, des groupes, des époques, des lieux et même des courants de pensée etc. font qu’une telle Eglise particulière diffère d’une autre. Dans les limites d’un Diocèse, l’Eglise particulière répond à l’exigence de rejoindre l’homme dans ses conditions propres.
L’Eglise professée dans le Credo est l’Eglise universelle, l’unique. Son premier répondant est le pape, successeur de St. Pierre ; Elle joue le rôle d’unification au sein de toutes les Eglise particulières catholiques du monde. « L’Eglise universelle apparait comme un peuple qui tire son unité de l’unité du Père et le Fils et l’Eprit Saint »[2]. C’est elle qui régie la vie juridique, spirituelle, doctrinale et pastorale de tout le troupeau de Dieu par le biais de son principe perpétuel et visible et de son fondement de l’unité qu’est le pape. Elle est donc la garantie du sceau de la foi et de la doctrine de l’Eglise. En est réside l’infaillibilité et la permanence.
Du principe ministériel apostolique dans l’Eglise et du ministère du successeur de Pierre se dégage une juste compréhension des rapports entre Eglise universelle et Eglise particulière comme une double nécessité qui appartient à la nature même de l’Eglise. Jean Paul II le dira clairement en ces termes : « L’Eglise est communion et c’est cette communion qui indique quelle sorte de relations qui doivent exister entre les églises particulières et l’Eglise universelle »[3]. Celle-ci en tant que objet d’un ministère apostolique à la fois d’unité de l’Eglise entière et de communion des Eglises particulière. La même Eglise universelle, corps mystique du Christ, se trouve présente et agissante dans chacune des particulière avec tous ses éléments essentiels. « Les Eglise particulières sont constituées à l’image de l’Eglise universelle »[4]. Etendu que l’Eglise universelle n’est pas la somme des Eglises particulières, elle n’a d’existence concrète qu’en Eglises particulières. Et chacune d’entre elles est « une portion du peuple de Dieu confiée à un évêque pour qu’avec l’aide de son presbyterium, il en soit le pasteur »[5] . L’épiscopat, en tant que l’ensemble des pasteurs de l’Eglise, reçoit le principe et le fondement perpétuel et visible de l’unité dans la personne du Pontife romain. La communion et la collaboration entre eux doivent être inconditionnelles en vue du bien du peuple de Dieu. C’est pourquoi chaque évêque représente non seulement son Eglise particulière, mais aussi tous ensemble, avec le pape, représentent l’Eglise universelle dans le lien de la paix, de l’amour et de l’unité. Pour ce faire, tous les évêques, chacun dans son coin, non de façon isolée, mais en communion d’esprit, doit avoir une sollicitude à l’égard de l’Eglise universelle. Cette sollicitude se voit par exemple dans la promotion de l’unité de la foi et la discipline commune de l’Eglise. La charité et le secours fraternel sur tous les plans (matériel et spirituel) doivent animer non seulement les Eglises particulières entre elles, mais aussi avec l’Eglise universelle.
Tout compte fait, cette relation se voit dans l’unité de la foi et dans la communion étroite qui existe entre le pape et tous les pasteurs de l’Eglise et de ceux-ci entre eux. Dans une complémentarité inédite, le pouvoir du pape déborde le cadre de l’Eglise universelle pour s’étendre à toutes les Eglises particulières sans pour autant limiter celui des évêques. C’est dans la collégialité que le peuple de Dieu est gouverné dans l’Eglise.

[1] Lumen Gentium, n°23
[2] Lumen Gentium, n°4
[3] Jean Paul II, Constitution apostolique Sacrae Disciplinae Leges, §22 p.11
[4] Lumen Gentium n°23
[5] Décret Christus Dominus, n°11

REPORTAGE DU XXXVIIIè SESSION DE LA CHAIRE CARDINALE MALULA

Dans le cadre des activités académiques, l’ISEM[1] a coutume d’organiser entre autres des conférences dénommées Chaire Cardinal Malula. C’est dans ce cadre que le week-end du 19 au 20/12/2009 a été marqué d’une touche particulière grâce à la conférence de l’éminent professeur Elikia M’BOKOLO dont le thème était « Le panafricanisme du XXème siècle : Histoire et Mémoire ». Cette XXXVIIIème session de la Chaire Cardinal Malula a connu un grand succès au regard non seulement de la qualité, de l’intérêt et de l’actualité du sujet débattu, mais aussi au regard des sommités qui sont venues rehausser de leur présence, l’éclat de ces jours. On peut noter entre autres la participation de l’historien Isidore NDAIWEL, le vicaire provincial Prosper NDJOLI[2] qui a présidé à l’ouverture de ladite session, des autorités académiques dont Le prof. Hippolyte MIMBU qui a été le modérateur, un auditoire recruté dans toutes les couches sociales (étudiants, chercheurs, simples curieux, etc.).
Le thème sus évoqué a eu deux grandes articulations dont l’objectif commun était celui de reconnaitre l’existence du panafricanisme institutionnel d’une part et le panafricanisme intellectuel d’autre part. A en croire Elikia M’BOKOLO, dans l’un comme dans l’autre, l’Afrique se trouve comme une voiture sans chauffeur. Partant d’un voyage dans le temps, le conférencier a permis à son auditoire de saisir l’esprit et la force du panafricanisme en tant que courant de pensée qui a marqué les XIXème et XXème siècles. Il n’a pas manqué de souligner la place d’un tel mouvement pour l’Afrique, pour le Congo et pour l’historien en particulier.
En effet, aussi bien par la pensée, la réflexion, la représentation que par la lutte ou le combat sur le terrain, les panafricanistes comme Jules DUBOIS, Isaac PIXLEY ont œuvré dans un esprit d’équipe soulignera-t-il. Leur compétence et leur engagement social qui ont contribué en grande partie à l’abolition de l’esclavage du racisme et du colonialisme n’ont laissé personne indifférente. Deux livres prouvent la présence du panafricanisme sur le terrain dès 1885 dont celui de Firmin ANTENOV intitulé De l’égalité des races. Les efforts de Nkwame NKURUMAH, la création de l’OUA, des conférences, etc. sont à citer dans cette lancée. La conférence de Londres de 1900 qu’a permis Firmin à laquelle fait mention l’historien avait pour question centrale : une race a-t-elle le droit de soumettre une autre race en niant son humanité ? Heureusement un tel débat a obtenu gain de cause vue les évolutions positives dans les relations Nord-Sud enregistrées.
Aussi, le prof. M’BOKOLO ne s’est pas tu sur l’entrée de la RD Congo dans l’histoire du panafricanisme à l’aube du XXème siècle (1900). C’est la dénonciation de la cruauté de l’administration de Léopold II faite par le Noir Américain George Washington Williams qui a permis cette entrée en scène. Selon les propos du prof. Elikia, dès lors les efforts commencent à porter des fruits dont une des preuves la plus récente est l’élection de Barack OBAMA à la Maison Blanche.
Si tel en était du panafricanisme intellectuel dans sa réalité vivante et victorieuse, le panafricanisme institutionnel n’a jamais favorisé ni permis la sortie de l’Afrique de l’ornière. De là, il y a une nécessité de réinventer le futur avec tous les défis qui s’imposent au continent noir. Le défi du développement auquel se greffent les problèmes de la rééducation de la pauvreté, la renaissance africaine qui repose sur une connaissance exacte et critique du passé qu’il faut connaitre et maitriser sont autant des pesanteurs évoquées par l’historien Elikia M’BOKOLO. C’est à juste titre qu’il note que la traine de l’Afrique résulte de toutes ces malaises à l’en croire. Regrettera-t-il au comble de tout le gros problème de mémoire…tout est ignoré.
Tout compte fait, il est difficile de faire l’économie exhaustive de cette XXXVIIIème session de la Chaire Cardinal Malula dans ses méandres détails. Outre cette première phase pendant laquelle le conférencier a su communiqué, dans une méthode enrichie d’expérience et de bagages intellectuels, ce qu’il a prévu pour son auditoire, il y a eu une phase de questions réponses. Celle-ci a permis un échange franc et divers qui a donné l’occasion au brillant historien de repréciser son topo pour les uns et de l’approfondir pour les autres. De fonds en comble, ce qui se dégage en substance de l’entretien intellectuel de ces deux jours c’est que le prof. Elikia M’BOKOLO exalte les mérites du panafricanisme. A-t-il raison ? Une telle question n’a de sens que comme point de départ pour une nouvelle conférence.
Abraham HAMAN
[1] Institut Saint Eugene de Mazenod
[2] Représentant n°1 du père provincial, il est prêtre oblat de Marie Immaculée