dimanche 14 mars 2010

REPORTAGE DU XXXVIIIè SESSION DE LA CHAIRE CARDINALE MALULA

Dans le cadre des activités académiques, l’ISEM[1] a coutume d’organiser entre autres des conférences dénommées Chaire Cardinal Malula. C’est dans ce cadre que le week-end du 19 au 20/12/2009 a été marqué d’une touche particulière grâce à la conférence de l’éminent professeur Elikia M’BOKOLO dont le thème était « Le panafricanisme du XXème siècle : Histoire et Mémoire ». Cette XXXVIIIème session de la Chaire Cardinal Malula a connu un grand succès au regard non seulement de la qualité, de l’intérêt et de l’actualité du sujet débattu, mais aussi au regard des sommités qui sont venues rehausser de leur présence, l’éclat de ces jours. On peut noter entre autres la participation de l’historien Isidore NDAIWEL, le vicaire provincial Prosper NDJOLI[2] qui a présidé à l’ouverture de ladite session, des autorités académiques dont Le prof. Hippolyte MIMBU qui a été le modérateur, un auditoire recruté dans toutes les couches sociales (étudiants, chercheurs, simples curieux, etc.).
Le thème sus évoqué a eu deux grandes articulations dont l’objectif commun était celui de reconnaitre l’existence du panafricanisme institutionnel d’une part et le panafricanisme intellectuel d’autre part. A en croire Elikia M’BOKOLO, dans l’un comme dans l’autre, l’Afrique se trouve comme une voiture sans chauffeur. Partant d’un voyage dans le temps, le conférencier a permis à son auditoire de saisir l’esprit et la force du panafricanisme en tant que courant de pensée qui a marqué les XIXème et XXème siècles. Il n’a pas manqué de souligner la place d’un tel mouvement pour l’Afrique, pour le Congo et pour l’historien en particulier.
En effet, aussi bien par la pensée, la réflexion, la représentation que par la lutte ou le combat sur le terrain, les panafricanistes comme Jules DUBOIS, Isaac PIXLEY ont œuvré dans un esprit d’équipe soulignera-t-il. Leur compétence et leur engagement social qui ont contribué en grande partie à l’abolition de l’esclavage du racisme et du colonialisme n’ont laissé personne indifférente. Deux livres prouvent la présence du panafricanisme sur le terrain dès 1885 dont celui de Firmin ANTENOV intitulé De l’égalité des races. Les efforts de Nkwame NKURUMAH, la création de l’OUA, des conférences, etc. sont à citer dans cette lancée. La conférence de Londres de 1900 qu’a permis Firmin à laquelle fait mention l’historien avait pour question centrale : une race a-t-elle le droit de soumettre une autre race en niant son humanité ? Heureusement un tel débat a obtenu gain de cause vue les évolutions positives dans les relations Nord-Sud enregistrées.
Aussi, le prof. M’BOKOLO ne s’est pas tu sur l’entrée de la RD Congo dans l’histoire du panafricanisme à l’aube du XXème siècle (1900). C’est la dénonciation de la cruauté de l’administration de Léopold II faite par le Noir Américain George Washington Williams qui a permis cette entrée en scène. Selon les propos du prof. Elikia, dès lors les efforts commencent à porter des fruits dont une des preuves la plus récente est l’élection de Barack OBAMA à la Maison Blanche.
Si tel en était du panafricanisme intellectuel dans sa réalité vivante et victorieuse, le panafricanisme institutionnel n’a jamais favorisé ni permis la sortie de l’Afrique de l’ornière. De là, il y a une nécessité de réinventer le futur avec tous les défis qui s’imposent au continent noir. Le défi du développement auquel se greffent les problèmes de la rééducation de la pauvreté, la renaissance africaine qui repose sur une connaissance exacte et critique du passé qu’il faut connaitre et maitriser sont autant des pesanteurs évoquées par l’historien Elikia M’BOKOLO. C’est à juste titre qu’il note que la traine de l’Afrique résulte de toutes ces malaises à l’en croire. Regrettera-t-il au comble de tout le gros problème de mémoire…tout est ignoré.
Tout compte fait, il est difficile de faire l’économie exhaustive de cette XXXVIIIème session de la Chaire Cardinal Malula dans ses méandres détails. Outre cette première phase pendant laquelle le conférencier a su communiqué, dans une méthode enrichie d’expérience et de bagages intellectuels, ce qu’il a prévu pour son auditoire, il y a eu une phase de questions réponses. Celle-ci a permis un échange franc et divers qui a donné l’occasion au brillant historien de repréciser son topo pour les uns et de l’approfondir pour les autres. De fonds en comble, ce qui se dégage en substance de l’entretien intellectuel de ces deux jours c’est que le prof. Elikia M’BOKOLO exalte les mérites du panafricanisme. A-t-il raison ? Une telle question n’a de sens que comme point de départ pour une nouvelle conférence.
Abraham HAMAN
[1] Institut Saint Eugene de Mazenod
[2] Représentant n°1 du père provincial, il est prêtre oblat de Marie Immaculée

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